A peine un an après leur triomphal remake de Silent Hill 2, la Bloober Team est déjà de retour. Cette fois les sinistres polonais nous proposent une nouvelle IP horrifique, sobrement intulée Cronos – The New Dawn. A ne surtout pas confondre avec Chronos – Before the Ashes, ni avec Horizon – Zero Dawn. Car hormis la sémantique, ces titres n’ont absolument rien à voir. Et autant vous dire qu’après la semi-déception de The Callisto Protocol en 2022, j’attendais Cronos au tournant. Avec une barre de fer à la main.
Alors masterclass ultime ou lamentable naufrage? La réponse pourrait vous surprendre.
Cronos pique à droite et à gauche. Il incarne au final une parfaite synthèse des survival horror de ces 20 dernières années. Comprenez bien que nous parlons de l’après Resident Evil 4. Un titre dont le statut de chef d’oeuvre indiscutable et avant-gardiste n’est plus à prouver.
Cronos est un TPS lent et stressant dans un monde post-apocalyptique. Chaque munition compte et la moindre erreur se paie très cher. Il faut également se dépatouiller avec un inventaire limité, véritable marque de fabrique du genre. On trouve régulièrement un peu de quiétude dans les salles de sauvegardes. Ces dernières permettent d’améliorer son équipement et d’acheter des ressources à un terminal. Ces sanctuaires ont même une petite musique tranquille que ne renierait pas la licence culte de Capcom. Le coupe-boulon, outil désormais indispensable, permet aux plus courageux d’accéder à des salles bonus remplies de précieux matériaux.
Concernant les combats, Cronos se différencie des ses influences car il propose de charger les tirs. Plus on reste appuyer longtemps sur la gâchette, plus la déflagration sera puissante. Un concept intéressant qui oblige à anticiper chaque coup de feu et à viser avec soin. Si environ 4 armes utilisent ce procédé, les autres sont plus classiques dans leur maniement. Ce qui permet de varier l’action. Du fusil d’assaut au shotgun, l’arsenal est complet et libre à vous d’essayer plusieurs combinaisons. Mais comme souvent dans ce genre de jeu, votre meilleur ami reste le pistolet de base. Une arme dont la polyvalence et la puissance m’ont sauvé la mise plus d’une fois.
Les ennemis tapent fort et possèdent en plus la capacité de fusionner avec les cadavres. Seul le lance flamme de votre combinaison permettra d’empêcher à un monstre de se nourrir de son congénère. Une mécanique qui n’est pas sans rappeler les têtes brûlées de Resident Evil Rebirth (2002) sur Nintendo Game Cube. Il faut donc choisir qui cramer, où, et quand. Ce qui ne fait que rajouter du stress. On notera qu’il n’y a pas de bouton d’esquive. On est donc souvent obligé d’encaisser les coups ou de fuir. D’autant plus que les Orphelins (les monstres) ont le bras long (littéralement). Ces amas de corps déformés semblent tout droit sortis de The Thing de John Carpenter. J’ai trouvé les boss coriaces mais justes, et j’ai souvent réussi à les battre au bout du cinquième essai maximum. Tous sauf un, et je vous laisse découvrir lequel.
Pour finir, il y a bien évidemment des puzzles environnementaux à résoudre. Ces derniers sont assez simples mais permettent de rythmer votre périple et profiter de l’atmosphère. Il faut interagir avec des anomalies, utiliser des bottes magnétiques pour marcher au plafond, ou encore créer un réseau électrique. Des instants qui évoquent Prey et Dead Space. Il y a pire comme comparaison. C’est surtout l’occasion rêvée de se laisser porter par l’atmosphère unique du titre de Bloober Team.
Cronos est dans la norme de ce qu’on est en droit d’attendre en 2025. Mais plus qu’un bête exercice de démonstration, l’Unreal 5 n’a ici vocation qu’à immerger le joueur. Loin d’être laid, le jeu brille surtout par sa direction artistique folle et ses éclairages réussis.
Les ruines battues par les vents rougeâtres (ainsi que certains monstres) revendiquent pleinement l’influence du peintre polonais Beksinski. L’artiste est connu pour ses travaux mêlant fantastique, science fiction et architecture brutaliste. A ce titre, Cronos évoque plus que jamais une fusion entre Dead Space et Metro 2033. Mais mise en scène comme un Silent Hill.
Jouer au casque est également un plus pour profiter au maximum du soin apporté au sound-design. Les musiques sont quant à elles atmosphériques et lancinantes, voire parfois carrément 80’s. Ce qui ne manquera pas de plaire aux amateurs de synthwave.
Une partie de l’action se déroule lors du déclenchement de l’épidémie, dans la Pologne soviétique de 1981. Une période troublée marquée par la montée du syndicalisme et une répression brutale. Des thèmes que Bloober Team avait déjà un peu explorés dans The Medium. Le studio revisite donc une fois de plus l’histoire et les traumatismes de son pays dans un scénario cryptique.
On incarne La Voyageuse, engoncée dans un scaphandre hermétique dont l’unique l’orifice est bien entendu chargé de symbolisme. On doit parcourir un présent dévasté et surnaturel pour atteindre des failles temporelles. Ces failles nous emmènent en 1981, et à des protagonistes qu’il faudra sauver. Le scénario est suffisamment mystérieux pour pousser le joueur à continuer et à questionner son rôle dans cet univers étrange. Et c’est tout ce qu’on lui demande. La quinzaine d’heures nécessaire pour boucler l’aventure passe au final assez vite.
Bloober Team signe ici un titre solide et personnel. L’ambiance est un régal et les combats sont nerveux. Le studio a bien appris ses leçons et propose l’un des meilleurs survival horror de ces dernières années. On lui pardonnera volontiers un certain classicisme ainsi qu’un combat de boss particulièrement frustrant. Le reste respire la qualité et le travail bien fait. Ne passez pas à côté si vous aimez Dead Space, Resident Evil et Silent Hill !
Test réalisé par Florian