Tainted Grail : Fall of Avalon est un action RPG développé par les polonais de Awaken Realms. Il s’agit de l’adaptation du jeu de plateau du même nom qui a, semble-t-il, connu un petit succès. Il reprend la base des légendes Arthuriennes mais à la sauce dark-fantasy. Un monde en perdition peuplé de monstres, de bandits et de factions. Une “darksoulisation” qui n’est pas pour me déplaire. J’avais l’œil sur le titre depuis un moment. Autant dire que je me suis frotté les mains en découvrant une clé Steam dans ma boîte mail.
Je suis donc parti arpenter les terres d’Avalon. Car il est de mon devoir de vous présenter les jeux dont personne ne parle. Si mes débuts ont été compliqués, j’ai eu le déclic au bout de quelques heures. Car Tainted Grail se veut l’héritier direct de Skyrim, Dragon Age, et New Vegas. Rien que ça.
Comme dans Oblivion, on se réveille dans une geôle. Sauf que cette introduction est plus proche de Dark Souls, car l’île est ravagée par la Mort Rouge. Ici tout le monde est malade, et la prison se révèle être un camp d’extermination pour les personnes infectées. Un mystérieux étranger nous aide à sortir de la cellule. Il va maintenant falloir combattre les gardes et s’enfuir.
Si l’introduction est classique, on découvre néanmoins la plus grande force du jeu. Son univers. Car s’il se base sur les légendes du roi Arthur, Tainted Grail a choisi de noircir le ton tout en restant cryptique. Une tendance directement hérité des Souls. On croise néanmoins quelques noms vaguement familiers (Camelot, Caradoc et Merlin). Mais malgré tout, l’exposition reste extrêmement vague. J’ai été rapidement séduit par ce monde mystérieux qui invite à l’exploration.
Techniquement, le jeu est dans la norme, même si l’optimisation pourrait être améliorée. On sent d’ailleurs la volonté de proposer un titre visuellement compétitif. On râlera sur une image un peu floue et sur une synchronisation labiale aux fraises. A tel point qu’il aurait été préférable que personne n’ouvre la bouche. Le titre accuse d’ailleurs quelques chutes de framerate ainsi que des crashs intempestifs. Mais rien n’est vraiment handicapant.
La direction artistique est une grande réussite. Je m’attendais à arpenter un monde de fantasy un peu banal. Il n’en est rien. Le monde baigne dans une brume quasi constante. De gigantesques mains semblent sculptées dans la roche. Les bâtiments alternent entre style médiéval et romain. Il se dégage une ambiance unique entre The Witcher et Elden Ring, et c’est un excellent point.
Le sound design n’est pas en reste. Le doublage Anglais est réalisé avec conviction et les effets sonores sont tout à fait convaincants. La musique se veut tantôt orchestrale et mélancolique, tantôt primitive et sauvage dans la veine de Wardruna ou Heilung.
Après avoir choisi sa classe, et bouclé le tutoriel, on est lâché dans la première zone du jeu. Et c’est là qu’on prend peu à peu conscience de la richesse du titre. On gagne de l’expérience en réalisant des quêtes via des PNJ. On monte de niveau à des feu de camps où l’on peut aussi parler avec le spectre du roi Arthur. On peut fabriquer des armes et des armures. On peut les améliorer. On peut faire de l’alchimie, et même de la cuisine. Et, miracle, tout cela est d’une simplicité enfantine. L’interface est parfaitement lisible, les menus sont clairs et jolis. Les arbres de compétences sont pertinents et proposent de véritables bonus. Certains développeurs feraient bien d’en prendre de la graine…
Comble du comble, les dialogues et les quêtes sont plutôt bien écrits. Et présentent régulièrement des twists inattendues qui viennent briser une monotonie apparente. En d’autres termes, elles sont plus complexes qu’il n’y paraît. Si le lore est riche et cohérent, l’écriture sait se montrer au niveau. On n’a pas non plus pléthore de choix, mais ils sont suffisamment significatifs pour qu’on ai l’impression d’influer sur l’univers.
Le scénario dévoile rapidement un lien entre le joueur et le roi Arthur. L’esprit du défunt monarque amnésique nous collera au basques tel un Silverhand médiéval. Il est notre boussole, notre guide, dans un monde en perdition. Un monde découpé en zones de tailles moyennes, interconnectées, comme pouvait l’être STALKER. On remarquera par contre qu’entrer dans n’importe quel bâtiment se fera via un temps de chargement. C’est un peu surprenant en 2025, mais on sera plus permissif qu’avec le nouvel Oblivion. Ou Starfield. Oui, je tire à balles réelles sur Bethesda.
Tainted Grail pioche un peu partout, c’est vrai. Mais il le fait au service de son univers, et sans fausse note.
Le titre se joue à la première personne. On peut parer et bloquer avec un bouclier. On a également un bouton de dash. C’est très classique, et j’ai décidé de faire un mage de guerre. J’aime avoir une armure lourde et balancer des sorts. Libre à vous de vous spécialiser dans la furtivité, ou encore de jouer les barbares avec des armes à deux mains.
Dans sa difficulté moyenne, Tainted Grail se veut relativement punitif. Et je dois bien avouer que j’ai ragé pendant mes premières heures de jeu. Sauf qu’au bout d’un petit moment, j’ai compris où Tainted Grail voulait m’emmener. Ici, farmer ne sert à rien. Votre expérience viendra de l’achèvement des quêtes. Une excuse en or pour explorer et parler à tout le monde.
Il faudra bien sûr penser à son build, car chaque point investi rendra votre personnage plus fort. Je suis passé du stade de lavette à celui de grosbill en l’espace de deux niveaux. Tout ça grâce à une compétence qui m’octroie 15% de dégâts supplémentaires lorsque je porte un bouclier. J’ai donc ensuite choisi un bonus pour les armes à une main. Ce qui a suffit à inverser la balance. Il est donc primordial d’avoir un personnage le plus optimisé possible, et plutôt spécialisé. En revanche, on notera quelques petits problèmes d’équilibrage. Car j’irai même jusqu’à qualifier certains combats d’injustes… Ou alors je suis juste mauvais. Mais si vous êtes comme moi, pas de panique ! Vous pouvez ajuster la difficulté dans les options !
Tainted Grail dégouline de charme, même s’ il demande un temps d’adaptation. C’est un action RPG à l’ancienne, un peu rugueux, mais parfaitement conscient de ce qu’il est. Il mise tout sur son ambiance et sa richesse. Le titre est une vraie surprise, comme on aimerait en voir plus. Un diamant brut que les fans de Skyrim et les déçus d’Avowed auraient tort de bouder…
Test réalisé par Florian